The cursed city of Doel

We are all going crazy


Doel is a belgian city too close from Antwerpen’s giant harbour. It’s inhabitant have been asked to leave. Some won’t.

Les survivants de Doel

Toutes les violences ne sont pas spectaculaires, elles n’en sont pas moins traumatisantes. Comment parler en d’autres termes de ce village de Flandre qui s’étiole au fil des jours, s’évanouit au bord de la mer du Nord, laissant ses habitants dans la plus grande confusion ? Le village doit laisser la place au port d’Anvers, grande entité mouvante et sans tête. Contre qui lutter ? Contre quoi lutter ? Alors, en silence, Doel s’efface. Mon travail s’attarde sur l’opposition entre la déliquescence du bâti et la force vitale des hommes, femmes, enfants et animaux qui font encore vivre le village, sous forme de dyptiques portraits/paysages.

Doel est un village de la rive gauche de l’Escaut. Depuis le début des années soixante, il est menacé par les plans d’extension du port d’Anvers.
Les premiers plans faisaient la part belle au port et à l’industrie. Depuis, c’est l’incertitude. Les interdictions de bâtir et modifications des plans de secteur sont prises par les autorités pour ensuite être retirées ou invalidées par le Conseil d’Etat.
Il n’empêche. Les habitants se sont vu contraints de vendre leurs maisons à la société créée par le gouvernement flamand qui les abat ensuite sans remords. Les habitations encore debout ne sont pour la plupart que des vestiges du passé. Ces derniers mois, un sursaut de vie résonne dans cette cité du silence. De nombreux artistes ont envahi les lieux ; tags, peintures, sculptures… rendent le village moins morose. Sur quelques façades, un seul mot : «Bewoond» -habité-. Quelques irréductibles ont décidé de ne pas baisser les bras. Alors que le droit d’occupation venait à son terme fin août 2009, une poignée de «doelenaars» a saisi la justice, qui leur donne raison ! Le tribunal de Termonde a décidé que la société ne pourrait pas expulser les habitants avant février 2011. Les autorités flamandes se sont pourvues en appel. Doel replonge dans l’incertitude…
On ne peut aller à Doel sans ressentir une émotion vive, voire un sentiment d’injustice. Ce projet d’exposition collective est le fruit de cette émotion. Nous voulons témoigner de la destruction progressive de ce village, que nous avons retrouvé différent à chacun de nos passages. Une maison de plus tombée à terre, de nouveaux tags, de nouvelles œuvres.
Nous voulons témoigner du sort étrange que connaît ce coin perdu entre les docks et l’Escaut. Doel est un exemple local d’une tendance à l’industrialisation mondiale. Ce projet a la particularité de regrouper des photographes d’origines géographiques différentes ; Isabelle Pateer -d’origine hollandaise, Frédéric Pauwels -Bruxellois, Cindy Hannard -Wallonne et Thomas Baltes -Français ayant vécu en Belgique plusieurs années.
Chacun des photographes a choisi un angle d’approche différent afin de témoigner. Ces choix se faisant écho pour donner un tour d’horizon varié et riche de ce village abandonné.
Quatre approches différentes, qui, à partir de ce cas contemporain, explorent la relation entre nature et industrie, progrès et héritage, poids des institutions et volontés citoyennes. Ce projet met également en lumière les traces du passé comme histoires singulières ou l’existence particulière des lieux quittés.